23/11/2015
Toulon : franc succès de la Journée d'écologie intégrale
...nous relate Luc Richard :
Quelques mois après la parution de la première encyclique consacré à l'écologie, et une semaine avant la COP 21, catholiques et écologistes se sont retrouvés à Toulon le 21 novembre pour la première Journée d'écologie intégrale du diocèse de Fréjus Toulon. Celle-ci était organisée par l'Observatoire sociopolitique (OSP) en partenariat avec la jeune revue Limite. Et ce fut un franc succès. D'abord par la très grande qualité des invités, ensuite par la richesse des interventions et des échanges avec le public. Du début à la fin, toutes les discussions abordaient, reprenaient et approfondissaient le message du pape François dans son encyclique, discutaient des concepts de décroissance ou de sobriété heureuse, revenant sans cesse sur le lien entre les questions environnementales et sociales.
En ouverture, Olivier Rey, qui a enseigné les mathématique à l'École polytechnique et qui enseigne aujourd'hui la philosophie à l'université Panthéon-Sorbonne, a réfléchi à la notion de limite et d'équilibre dans la pensée grecque avant de décrire le risque d'effondrement qui menace nos sociétés techniciennes. Aujourd'hui, l'ensemble de l'humanité est en train de provoquer, à l'échelle de la planète, un effondrement écologique dramatique.
Thierry Jaccaud, rédacteur en chef de la revue L'Écologiste, a ensuite discuté avec Luc Richard de l'écologie comme vision du monde et des convergences possibles et nécessaires entre chrétiens et écologistes historiques, argumentant à partir d'une lecture très précise de Laudato si'.
La table ronde "La catastrophe écologique, fruit pourri du capitalisme ?", animée par Paul Piccarreta, directeur de la rédaction de la revue Limite, a ouvert les discussion avec une intervention de Kevin Boucaud, économiste de formation, anciennement journaliste à l'Humanité et contributeur au Comptoir. Il a posé le cadre du débat, resituant historiquement le système capitaliste, son expansion, et les contraintes intenables que celui-ci impose à l'environnement. Cyrille Frey, ornithologue et chargé d'études dans une association de protection de la nature, a témoigné à partir de son expérience de terrain de la dégradation fulgurante à laquelle est soumise la biodiversité – depuis 1950, à l'échelle de la planète, 50% des vertébrés ont disparu ! – et des conséquences funestes pour l'homme, dont les libéraux ont réussi à faire croire qu'il était un être hors-sol, déconnecté des écosystèmes. Marie Frey, journaliste indépendante, collaboratrice à La Vie, Reporterre et Prier, a rappelé comment l'écologie, qui est avant tout une science, a été transformée en simple opinion politique. Disqualifier l'écologie scientifique et le travail des chercheurs permet aux politiques, de droite comme de gauche, de tenir pour quantité négligeable les études d'impact sur l'environnement. L'exemple donné par Marie Frey de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes est particulièrement éloquent. Thierry Jaccaud, enfin, a diagnostiqué de manière globale la catastrophe écologique en cours, en rappelant l'origine de la notion de développement et comment celle-ci a été imposée aux pays pauvres par les sociétés industrielles au sortir de la Seconde Guerre mondiale, en particulier par les États-Unis. Toutes les discussions et interventions ont été l'occasion d'approfondir la réflexion autour de Laudato si'. Mgr Rey, enfin, a appelé à défendre la création avant de laisser la parole à Philippe Conte, rapporteur des débats de la journée et responsable des questions environnementales à l'OSP.
Le succès de cette journée d'écologie intégrale est aussi venu du public, qui a particulièrement apprécié la qualité des interventions et avec lequel les échanges ont été particulièrement riches. La particularité d'une telle journée, est de poser (enfin !) la problématique écologique en des termes politiques – c'est-à-dire en ne recherchant pas le consensus à tout prix. Élaborer une critique politique nécessite de dévoiler les contradictions existantes, condition nécessaire à toute recherche authentique du bien commun. Et non pas à défendre les intérêts des classes dominantes au nom de la bonne gouvernance...
Le pape François nous appelle à "une conversion écologique" et souhaite des "débats sincères et honnêtes". C'est ce que le diocèse de Toulon a fait ce 21 novembre.
Luc Richard
09:59 Publié dans Ecologie, Eglises, Idées, Pape François | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : écologie, christianisme, pape françois
Commentaires
BRAVO
> Bravo aux Toulonnais ! Après le colloque de la CEF en novembre 2014, après les Assises chrétiennes de l'écologie cet été, les catholiques français répondent à l'appel du pape François et dialoguent avec les véritables écologistes, comme les y invitait le cardinal Ratzinger (peu avant de devenir le pape Benoît). L'avenir est en marche.
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Écrit par : PP / | 23/11/2015
LEGITIMUS
> "C’est le catéchisme qui m’a enseigné le respect de la nature."
Pascal Légitimus, interview de 'l'1visible'
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Écrit par : E Levavasseur / | 25/11/2015
LE VENT FRAIS
> le relativisme métaphysique de la Réforme introduit le relativisme philosophique et politique des Lumières; les deux combinés laissent libre court au relativisme sur la création, de l'homme jusqu'au cosmos, réduite au hasard de particules élémentaires, et ainsi peut s'accomplir le désir de puissance illimitée de ceux qui pensent orienter le hasard.
Le gémissement de la nature épuisée d'être violentée vient témoigner du terrorise d'Etat mis en oeuvre contre la vie , toutes les vies : le sacrifice humain est déifié c'est le droit à payer pour faire partie du concert des nations reconnues. Une seule réponse pour sauver la planète : il faut sauver l'homme quelque soit son intensité, sa puissance. Le vent frais du Saint Esprit comme le montre 'Apocalypto' apportera la réponse par de nombreuses initiatives de part le monde : rencontres de la Miséricorde.
Mille merci pour ce colloque.
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Écrit par : Odon / | 26/11/2015
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